Dans un monde « post truth » qui confond les articles du Gorafi avec la réalité, qui vénère les fesses de Kim K. mais érige l’authenticité en valeur reine, peut-on encore distinguer le vrai du faux ? Les storytellers et les marques doivent-ils assumer notre goût du fake ? Seenk décrypte la tendance.
« Truth » est le mot de l’année pour l’ancien directeur du FBI James Comey, démis de ses fonctions par Trump en 2017. Nous vivons dans un monde où la vérité ne s’appuie plus sur des faits, mais devient malléable au gré des croyances de chacun. Si je ne suis pas d’accord, c’est #fakenews.
Enrobant une réalité désenchantée, nous nous laissons séduire par la fiction
Et si on ne cherchait pas le vrai, mais plutôt ce qui valide notre opinion ? Chacun vit dans sa bulle, les réseaux sociaux valident nos propres opinions. Et pour cause, le cerveau humain est truffé de biais cognitifs qui nous incitent à distordre la réalité. Il faut donc redoubler d’efforts si on ne veut pas être pris au piège. Mais alors, le fake est-il plus attirant que la réalité ?
Le règne de l’image a transformé nos critères de choix
Les critiques et les avis consommateurs ne suffisent plus, il faut que l’hôtel, le restaurant ou son plat soient instagrammables. Résultat : les mêmes photos pullulent sur les réseaux sociaux. Same same, not different. Même combat sur Airbnb. De Tokyo à Carcassonne, tous les appartements se ressemblent pour répondre à une cible de voyageurs aux goûts ultra-normés. Le monde que l’on choisit sonne faux, mais son conformisme nous rassure. En augmentant la réalité, la technologie en déforme sa perception. Sans matérialité concrète, un texto ou un mail paraissent moins vrais qu’un échange verbal. Mais derrière l’écran et nos œillères, tout est plus confortable. On peut se permettre de jouer avec son identité et la démultiplier : une qui va bien pour chaque réseau social.